Ninon Brétécher, comédienne, réalisatrice et metteuse en scène

Publié le 16/01/2024

• lehavre.fr : Pouvez-vous présenter votre parcours ?

Ninon Brétécher : J’ai commencé par l’apprentissage du théâtre en région parisienne. Après avoir débuté sur les planches, je me suis assez vite orientée vers la mise en scène de textes contemporains. J’ai notamment collaboré à plusieurs créations avec Arnaud Cathrine, jouées dans des lieux emblématiques comme le Centquatre, le théâtre Montfort, la Maison de la Poésie ou le Café de la Danse. Rapidement, je me suis passionnée pour un autre genre d’écriture, celui du documentaire. J’ai toujours adoré les films d’Agnès Varda et Raymond Depardon. J’étais juste persuadée, tellement j’aimais ce genre, que je serais incapable d’en réaliser. La rencontre avec un documentariste qui m’en appris la « grammaire » m’a permis de me lancer.

• lehavre.fr : Qu’est-ce qui vous plaît tant dans cet exercice ?

N.B. : Le documentaire est un espace de liberté rempli de contraintes merveilleuses. Il m’offre une temporalité propice à l’expression de mes enthousiasmes spontanés, même si cela nécessite énormément de préparation. Et puis n’oublions pas qu’il existe aussi une part fictive dans chaque documentaire, le réalisateur étant là pour façonner l’instant, le sublimer. J’ai tourné ainsi plusieurs films pour des chaînes de télévision. C’est d’ailleurs grâce au documentaire que j’ai pu rencontrer Le Havre et les Havrais.

• lehavre.fr : Comment cela ?

N.B. : J’ai été invitée par la Ville du Havre à créer Les Bobines du Havre, événement annuel durant lequel est projeté un film réalisé avec de jeunes élèves. Ces derniers rencontrent des aînés et mettent en image leurs souvenirs, les lieux auxquels ils sont attachés, leurs histoires d’amour et de jeunesse. C’est une chance de pouvoir leur faire évoquer ces moments déterminants, de faire communier deux générations autour du Havre, et de créer une passerelle entre les âges grâce à la magie du film. Nous entrons en tournage en février pour une présentation au public en juin prochain.

• lehavre.fr : Le projet Atlantides n’est pourtant pas dans la veine du documentaire…

N.B. : C’est le fruit de mon travail au Havre qui a permis que l’on me propose un projet autour de la mythologie, pour le Théâtre de l’Hôtel de Ville, avec la volonté d’associer le Conservatoire. J’ai pensé au texte de l’auteur haïtien Jean-René Lemoine, écrit en 2014 suite à sa rencontre avec une paléoclimatologue. Les trois personnages, joués par Nathalie Richard, Alex Descas et Hana Magimel, de grands comédiens que j’adore, croisent leurs récits de père survivant, de mère disparue et de fille absente pour ses études. On y parle d’un événement catastrophique. Je n’ai pu m’empêcher de rapprocher ce texte du rapport quasi insulaire qu’ont les Havrais avec leur ville ainsi que du thème du paradis perdu. Le sujet est ici l’état de la planète et le danger climatique qui risque d’en faire une Atlantide.

• lehavre.fr : Comment le Conservatoire intervient-il dans ce spectacle ?

N.B. : Un trio de professeurs musiciens guidera cette épopée en interprétant la Sonate pour flûte, alto et harpe de Debussy. En écho au texte, des comédiens en formation au Conservatoire porteront des poésies du grand auteur allemand Holderlin, qui inspira Goethe et, plus tard, des artistes comme Wim Wenders. Son romantisme et son rapport à la nature, aux paradis perdus, entrent en résonance avec le message porté par Atlantides.

Découvrir le spectacle

Infos pratiques
Mercredi 24 janvier à 20h
Théâtre de l’Hôtel de Ville
10 € / 6 €
Billetterie au 02 35 19 45 74 ou sur thv.lehavre.fr